Contraint d’abandonner les bancs en classe de Cm2 du fait du divorce de ses parents, Beugré Bernard a dû prendre très tôt son destin en mains. Entre gérance d’une boutique mise à sa disposition par son père avec lequel il est resté pendant que ses frères et sœurs partaient avec maman, et débrouillardise, le petit Bernard a fini par trouver son chemin, celui de son affirmation et de son épanouissement. Qu’on en juge!
A 12 ans, le petit Beugré Kouadio Bernard qui préparait son certificat d’études primaires élémentaires (Cepe) voit ses études compromises par le divorce de ses parents. Dame Meh N’Dri qui n’a pas l’âme d’une femme qui s’accommode d’un foyer polygame refusa l’idée d’une coépouse. La décision donc du père de prendre une deuxième épouse va amener cette dernière à partir de la maison. Nous étions en 1984.
Resté auprès de papa, Bernard expérimente dès sa sortie de l’école, la gérance d’une petite boutique que son père a bien voulu ouvrir pour lui. «Je n’avais pas d’expérience dans la gestion d’une boutique», reconnait-il. Cette affaire ne fait donc pas long feu, puisqu’il est obligé de mettre la clé sous le paillasson au bout de quelques mois.
Il fallait essayer autre chose. L’adolescent de 13 ans rejoint alors sa mère qui s’était installée dans son village à N’Douni. Celle-ci apprécie son courage et sa résilience face à la corvée que représentent les travaux champêtres. Héritière d’un vaste domaine de forêt, Meh N’Dri offre une partie de ses terres à son fils. C’est ainsi que Bernard se lance très jeune dans la cacao-culture. Il en crée des dizaines d’hectares, et le goût de l’effort aidant, il devient un producteur aguerri.
On comprend alors qu’il ait créé en 2004 l’Entreprise coopérative de Taabo (ECT) dont il est le président du Conseil d’administration. «Nous avons débuté la coopérative avec 474 producteurs», se souvient-il. A ces débuts, la coopérative réalisait entre 5 et 10 tonnes par an. Mais très vite le nombre de coopérateurs va croître pour atteindre à ce jour 3.000. La coopérative ECT réalise aujourd’hui plus de 5.000 tonnes par an et ambitionne de passer à l’exportation.
N’ayant plus rien à prouver dans la filière Café-cacao, il décide alors de diversifier ses activités en créant une vingtaine d’hectares de Teck. Il se jette également dans l’élevage des poulets africains, puis du bétail et compte à ce jour un cheptel impressionnant. Bernard ne résiste plus à l’attrait des affaires. Il pense maintenant à investir dans des projets structurants qui pourront participer au développement local. Alors que la ville de Taabo se procurait depuis des lustres en carburant à Toumodi, il offre à la ville sa première station-service. Le carburant est désormais disponible à Taabo. Avant cet important investissement qui a changé la physionomie de la ville, l’entrepreneur a créé toute une série d’activités allant de la restauration, au maquis en passant par une boite de nuit.
– Un entrepreneur prospère
Aujourd’hui, Beugré Kouadio Bernard estime qu’il manque encore des choses à apporter à la ville de Taabo. Au titre toujours des projets structurants, il tient une maquette d’une cité qu’il veut baptiser la «cité des producteurs». Des maisons en hauteur assorties d’espaces verts et de toutes les commodités d’une cité moderne que les producteurs de Café-cacao de sa région pourront s’offrir en location-vente. «Ce sera le meilleur cadeau à offrir aux braves paysans», estime-t-il.
Sur la problématique du logement, Beugré Kouadio Bernard, ne pense pas qu’aux seuls producteurs. Il veut également que les fonctionnaires de l’Etat qui sont affectés à Taabo soient mieux logés. D’où les travaux de construction d’une cité d’une cinquantaine de maisons en cours à leur profit.
Marié et père de cinq enfants, Beugré Kouadio Bernard peut être fier de ses enfants qui jouissent de diplômes universitaires acquis dans de meilleurs établissements à l’extérieur. A 50 ans, il songe déjà à passer la main un jour. C’est pourquoi, il initie ses enfants aux affaires afin d’assurer la relève. Candidat indépendant aux municipales du 2 septembre 2023, Bernard est désormais le nouveau maire de la commune de Taabo. Une fierté pour l’ASPCACC et le monde agricole.
Sercom ASPCACC