Le 24 juin 2016 naissait de par la volonté d’une poignée de planteurs à Guibéroua, dans le Centre-ouest en pays bété, la coopérative Krihiri. Nom emprunté à l’un des cinq cantons de la ville. Dotée d’un Conseil d’administration, dirigé par Kaboré Clément, natif de Gagnoa, la coopérative Krihiri a connu, comme beaucoup de projets naissant, de nombreuses difficultés au départ. Des écueils qui n’ont pas affecté sa marche, bien au contraire. Etat des lieux, six ans après sa création.
«Notre coopérative est née dans des difficultés multiples», reconnait d’emblée, Kaboré Clément, président du Conseil d’administration de la coopérative Krihiri de Guibéroua. La première difficulté majeure à laquelle il fallait faire face était de gagner la confiance des producteurs qui faisaient montre de scepticisme pour avoir été par le passé grugés par bien d’acteurs de la filière. «Ils étaient vraiment hésitants», insiste Kaboré Clément. C’est dire que la bonne foi ne suffisait plus pour convaincre. Il fallait une dose de réalisme, du concret.
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Fort heureusement, l’expérience et la bonne renommée d’ancien pisteur et d’ancien planteur relais entre 2011 et 2015 de Kaboré ont fini par motiver plus d’une centaine de planteurs à adhérer. «On a débuté avec 182 membres, aujourd’hui, nous sommes à 1262 membres actifs», explique-t-il. Mais il n’a pas fallu juste gagner la confiance des producteurs pour que les problèmes de début soient aplanis. La deuxième difficulté à laquelle il a fallu faire face, était la question de moyens. «Nous manquions de matériels de travail puisque les outils dont nous disposions appartenaient à un partenaire. Ce dernier n’a pas vu d’un bon œil la création de notre coopérative et a décidé de retirer tout son matériel», rapporte Kaboré. Du coup, il fallait tout acquérir et les moyens pour accompagner les producteurs faisaient vraiment défaut.
Selon le premier responsable de la coopérative Krihiri, deux années auront suffi pour surmonter toutes les difficultés auxquelles la structure était en bute. «Quand on nous a retiré le matériel, six mois après nous avons pu souscrire au projet Doni doni de Gargill qui nous a permis de nous rééquiper et de prendre notre élan», révèle le PCA. Le projet «doni doni», il faut le relever, est un financement mis à disposition par l’exportateur Gargill afin de permettre aux coopératives d’acquérir du matériel roulant et bien d’autres.
A force donc d’abnégation, les 1262 producteurs repartis sur 13 sections produisent, aujourd’hui, plus de 3.000 tonnes et la coopérative affiche un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards FCFA en seulement six années d’exercice. «Dieu était avec nous, de sorte que tout arrivait à point nommé», loue Kaboré ; qui a engagé dès 2017, sa coopérative dans le programme de certification de Gargill. En 2018, il opte pour une diversification des certificats en intégrant le programme Fairtrade.
«Nous disposons aujourd’hui de deux certificats, Rainsforest et Fairdrade», lance-t-il, fier de les avoir obtenus deux ans seulement après la création de Krihiri. Pour le président du Conseil d’administration de la coopérative, la certification est une bonification du travail des producteurs. Elle assure une production de qualité et confère aux producteurs des gains supplémentaires. «Le défi que nous voulons relever aujourd’hui, c’est d’aller à l’exportation. Cela demande un certain nombre de conditions à remplir, parmi lesquelles, avoir une capacité de production de 5.000 tonnes», explique Kaboré. Toute chose à laquelle se prépare activement la coopérative dans ses zones de production.
Au plan social, la coopérative Krihiri a contribué financièrement à la construction de la maternité et du dispensaire du village de Basséhoa, ouverts en 2021. Aussi, afin de désengorger les classes de l’école de Basséhoa qui ne compte que six classes, et où le PCA Kaboré Clément fit ses études primaires, Krihiri a entrepris des travaux de construction de 3 classes supplémentaires, un bureau du directeur et une salle de réunion. Des investissements qui tournent autour d’une quinzaine de millions FCFA.
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Commissaire aux comptes de l’Association des Présidents des Conseils d’administration des coopératives de café-cacao (ASPCACC), portée sur les fonts baptismaux le 06 février 2021 à Yamoussoukro, Kaboré Clément considère cette structure comme un important levier de développement pour les coopératives.
Né le 28 mars 1972 à la maternité de Gagnoa, Kaboré Clément est un ancien du collège moderne Ajavon de Gagnoa, après avoir fait ses études primaires à l’EPP Bassehoa. Dès l’âge de 17 ans, explique-t-il : «J’accompagnais déjà mon père dans le transport et la création de plantations de cacao». C’est de là qu’il a développé des prédispositions pour le secteur agricole et partant, la création de la coopération Krihiri. Aux jeunes entrepreneurs qui se lancent dans les affaires, le Pca de la coopérative Krihiri leur conseille d’avoir de la patience et de ne jamais abandonner leur idéal.
Converti à l’islam, Kaboré Clément est père de 5 enfants dont trois filles. Il a malheureusement perdu en 2017 son épouse, la mère de ses enfants. Rappelée à Dieu, un an après la création de la coopérative Krihiri.
Service communication ASPCACC