Natif de Yabayo dans le département de Soubré dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, Modeste Kouadio Yao est depuis 2015, le président du conseil d’administration de la Société coopérative des producteurs agricoles n’zassa de Soubré. Une coopérative pour laquelle il œuvre tant bien que mal pour lui donner ses lettres de noblesses.
En 1988, quand Modeste Kouadio Yao quitte l’école en classe de 2nde à Aboisso, il avait hâte d’entrer dans la vie active. Coup de chance, il commence son premier boulot en qualité de magasinier dans une unité d’achat du groupe agro-industriel, Sifca. Il y fait son baptême du feu, y acquiert une solide formation sur le terrain et développe un important carnet d’adresses durant plus d’une décennie avant d’être affecté en 2003 à Divo. Expérimenté et perspicace, Modeste Kouadio Yao se fait remarquer par l’ex-directeur d’achats du géant du négoce londonien Armajaro. Il est aussitôt débauché de la Sifca et affecté à Fresco, en qualité de Commercial. L’année suivante, il est affecté à Guiglo en qualité d’Assistant et de là, il se retrouvera à Soubré.
De retour à Soubré dans la région qui l’a vu naitre, le rendement professionnel du natif de Yabayo pulvérise les records. Modeste Kouadio Yao n’était-il pas en terrain conquis, au milieu de ses parents? Malheureusement, en 2013, Armajaro amorce son désengagement du Café-cacao et se retire définitivement en 2015. «Suite à la fermeture d’Armajaro, mes parents producteurs de Café-cacao sont venus me voir et ont proposé qu’on crée une coopérative parce qu’ils avaient dû mal à vendre individuellement leurs produits. Ils avaient surtout perdu beaucoup d’argent dans les dépôts-ventes. Des gens ont pris leurs produits et n’ont jamais ramené leur argent », explique Modeste Kouadio qui dit s’être donné un temps de réflexion avant de leur répondre.
Modeste Kouadio Yao, Pca de la SOCOPANS
Toujours est-il que la Société coopérative des producteurs agricoles n’zassa de Soubré (SOCOPANS) voit le jour en 2015 dans la localité de Walébo sur l’axe Mégui-Soubré. «Avec ma longue expérience d’acheteur à Sifca et à Armajaro, mes parents de Walébo ont estimé que je pouvais être devant dans cette entreprise afin que nous puissions avoir une certaine traçabilité et pouvoir écouler nos produits», rapporte M. Kouadio, désormais président du conseil d’administration de la SOCOPANS.
Avec 458 membres au départ, la Société coopérative des producteurs agricoles n’zassa de Soubré compte à ce jour plus d’un millier de producteurs et réalise en seulement cinq ans d’existence plus de 4.000 tonnes par an. Pourtant, le parcours de la SOCOPANS n’a pas été facile, surtout durant les deux premières années. «Nous avons été obligés dans un premier temps de tisser un partenariat avec les gros acheteurs afin de pouvoir écouler un peu nos produits moyennant des commissions», explique le Pca. Et de poursuivre : «Avant, on pouvait cabosser le cacao et le laisser fermenter au champ. Mais avec la valeur que prenait le kg du cacao, on avait commencé à enregistrer des vols des produits dans les champs. Il n’était plus question donc de laisser fermenter le cacao sur place. Nous étions obligés d’aller solliciter des moyens logistiques chez des gens qui nous imposaient de leur vendre nos produits à leurs conditions».
Selon le président du Conseil d’administration de la SOCOPANS, les deux premières années n’ont pas été une sinécure. «C’était difficile, mais nous arrivions à désintéresser tous ceux avec qui nous avions des engagements. Il fallait passer par-là, si nous tenions à faire sortir le cacao de nos membres des champs», reconnait-il.
Dès la deuxième année d’exercice, le Pca Modeste Kouadio engage sa coopérative dans le processus de certification Fairtrade qu’il obtient en 2017 aux termes des audits et des procédures requises. Fort heureusement que la certification Fairtrade n’est pas adossée à un exportateur, puisque la SOCOPANS n’en était affilié à aucun. «Nous avons donc commencé grâce à un partenaire à décharger nos produits à SACO qui nous a donné 200 tonnes. Dans cette opération nous avons obtenu une prime de 25 millions FCFA», raconte le Pca.
La 1ère pompe villageoise offerte par la SOCOPANS
Pour une coopérative qui n’avait jamais perçu le moindre franc en termes de prime, les 25 millions CFCA étaient du pain bénit. Mais alors que la coopérative entendait entamer son équipement avec cette manne, l’un de ses délégués décède dans un village faute d’eau potable. «Nous avons alors convenu de faire en sorte qu’un tel drame n’arrive plus en créant une pompe villageoise qui nous a coûté 14 millions FCFA. Le reste de l’argent à servir à payer les salaires», explique M. Kouadio. En dépit de la faiblesse de ses gains, la SOCOPANS poursuit ses actions sociales. Elle a financé deux autres pompes villageoises en cours de réalisation et distribue des kits scolaires chaque année à l’EPP Mayo 2. Un projet de rénovation de l’école est même à l’étude.
Et comme la persévérance paie toujours, la SOCOPANS est aujourd’hui sur le point d’être affiliée au géant américain de négoce du cacao, GARGILL. «Cette année c’est GARGILL qui a décidé de nous offrir une chance de pouvoir vendre nos produits. Nous avons déjà eu plusieurs réunions. Dieu a entendu nos prières», se réjouit le Pca Modeste Kouadio qui, considère ce partenariat, comme un tournant décisif pour sa coopérative. Parce que ce partenariat marque la fin du travail sous couverture des autres. Désormais grâce aux énormes avantages que met en place GARGILL au profit des coopératives et des producteurs, la SOCOPANS ne peut que donner le meilleur d’elle-même. Elle qui vise surtout l’exportation.
Délégué régional de l’Association des présidents de conseils d’administration des coopératives de Café-cacao à Soubré, Modeste Kouadio Yao qui sera investi le 23 mars prochain, estime que cette faitière est un puissant levier de plaidoirie et de défense des coopératives. «Individuellement quand on criait on n’était pas entendu dans le cercle des décideurs. Désormais, avec cette union sacrée, on n’aura pas besoin de crier on saura qu’il y a des gens en face», commente-t-il.
Chrétien catholique, le président du conseil d’administration de la Société coopérative des producteurs agricoles n’zassa de Soubré est marié et père de 5 enfants.
Sercom ASPCACC
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